À travers des notules détaillées mais synthétiques, le beau livre Les Couleurs du cinéma de Charles Bramesco (éditions Pyramyd) donne envie de voir et de revoir des dizaines de films, en les offrant à l’analyse comme autant de peintures et d’aplats de couleurs.
Les amateurs du cinéma photographique de Wes Anderson, Stanley Kubrick ou Agnès Varda évoquent souvent le travail de composition des plans. Mais il est un élément de la fabrication d’une image cinématographique rarement analysé bien qu’essentiel : la palette colorimétrique d’un plan, et d’un film en général. C’est pourtant fascinant, comme nous le prouve Charles Bramesco dans son ouvrage Les Couleurs du cinéma : à chaque film ses couleurs dominantes, qui racontent beaucoup des intentions de mise en scène du réalisateur. Dans ce livre de 208 pages richement illustré et très agréable à parcourir, l’auteur analyse 50 films, de Chantons sous la pluie au Voyage de Chihiro, de Jeanne Dielman à Black Panther.
On apprend ainsi comment George Miller a construit son film Mad Max: Fury Road autour d’un contraste de couleurs accentué numériquement – le bleu d’un air brûlant et l’orange d’un sol désertique. Et puis, à l’inverse des couleurs saturées de Miller, on redécouvre l’univers hostile du Désert rouge d’Antonioni qui, lui, est composé de teintes grisâtres et désaturées. Plus loin, on aura plaisir à revoir les couleurs vives et franches du Suspiria de Dario Argento, d’autant que chacun des très nombreux plans de films présentés dans le livre s’accompagne d’indications colorimétriques en aplats de couleurs et en code RVB. De quoi analyser finement les couleurs du cinéma, et se rappeler que s’il y a mille nuances de noir et blanc, il y a autant de variétés d’une même couleur. Ainsi, il y a autant de ciels bleus et de prairies vertes qu’il y a de réalisateurs et de films.
Les Couleurs du cinéma de Charles Bramesco
Éditions Pyramyd, octobre 2023
29,95 €