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TANIA FRANCO KLEIN, UNE VISION SPECTRALE DE L’HUMANITÉ

Sa pratique photographique oscille entre réalité et fiction dans un espace étrange où les appariements dramatiques d’ombre et de lumière jouent sur les perspectives comme des images fixes de films.

© Tania Franco Klein, Courtesy by Rosegallery
© Tania Franco Klein, Courtesy by Rosegallery
© Tania Franco Klein, Courtesy by Rosegallery
© Tania Franco Klein, Courtesy by Rosegallery

Le portfolio de Tania Franco Klein est un jeu fascinant d’images cinématiques saturées de lumière et de couleurs. Dans son processus narratif, cette native de Mexico sonde les comportements sociaux via la consommation, le cirque médiatique sur la performance, l’obsession pour la jeunesse éternelle et le rêve américain. Elle met ainsi en exergue les séquelles psychologiques profondes qu’ils génèrent dans la vie quotidienne. Son travail se révèle comme un voyage initiatique mental qui dépeint des personnages féminins cédant à cette tendance à l’isolement, au désespoir, à l’effacement et à l’anxiété. Ses (auto)portraits et ses scènes intérieures/extérieures intimistes s’expriment en images fragmentées à la fois fictives et réelles. Pas étonnant que cette diplômée d’un master en photographie de l’Université des Arts de Londres ait rapidement été remarquée.

© Tania Franco Klein, Courtesy by Rosegallery
© Tania Franco Klein, Courtesy by Rosegallery
© Tania Franco Klein, Courtesy by Rosegallery

Depuis lors, elle expose sa vision singulière à travers l’Europe, les États-Unis et le Mexique, collabore avec de grands magazines comme le New York Times, The New Yorker, Los Angeles Times ou encore The Guardian, et des marques telles que Dior. Plus récemment, elle a atteint le firmament avec le portrait magnifique du grand Steven Spielberg en couverture du Time 100.

© Tania Franco Klein, Courtesy by Rosegallery
© Tania Franco Klein, Courtesy by Rosegallery
© Tania Franco Klein, Courtesy by Rosegallery Armrest, Walk (self-portrait) 2022.

De l’esthétique à l’existentiel

Ses deux dernières expositions ont illuminé les cimaises de la Rosegallery, qui la représente à Santa Monica. À commencer par « Proceed To The Route » qui sonde ces voies du « progrès » et de la gentrification. Tania Franco Klein réfléchit ici la « carte » comme représentation du territoire, « Internet » comme représentation de la vie. « Le progrès nous a dépassés, laissant un état de néant et de confusion dans notre réalité éclectique et hyperconnectée où l’histoire court plus vite que les secondes sur l’horloge. », explique-t-elle. « C’est dans le vide de la campagne que l’on peut situer la rencontre d’un ancien mode de vie qui attend encore son abandon et son confinement, reflétant la nouvelle croissance d’un système capitaliste central. » 

© Tania Franco Klein, Courtesy by Rosegallery
© Tania Franco Klein, Courtesy by Rosegallery
© Tania Franco Klein, Courtesy by Rosegallery

À travers ces routes, la photographe trace ainsi une histoire de solitude, de malaise, de perte de repères et de sens. Positive Disintegration, sa première monographie qui comprend également sa série Our Life in the Shadows, s’inspire des théories du philosophe Byung-Chul Han, c’est-à-dire cette compulsion à constamment performer, qui a fait de la fatigue et de l’épuisement les maux du siècle. Une « ère neuronale caractérisée par des maladies neuropsychiatriques entre dépression, burn out et trouble de l’attention, de l’hyperactivité, bipolaire ». L’artiste place ainsi cette contradiction au centre de ses images où elle-même et cette humanité délaissée tentent de s’évader.

MexicoMexique

taniafrancoklein.com

rosegallery.net

Crédits photo © Tania Franco Klein, Courtesy by Rosegallery

Nathalie Dassa