La photographe malaisienne percute nos sens à travers ses images à la fois mystérieuses et provocantes, sensuelles et inquiétantes, qui ouvrent sur de nouvelles dimensions.
Des fleurs sortant des visages, des corps enveloppés de tissu, des lèvres rouges piquantes, des cils aussi longs que des cheveux, des silhouettes perdues dans l’eau brumeuse… Bienvenue dans les mondes étranges, troublants et fascinants de Zhong Lin. Son œuvre renvoie à la diversité de son héritage. La photographe est originaire de Malaisie, connue pour son identité multiraciale et multiculturelle. Elle a grandi auprès de parents qui parlent chinois, anglais, malaisien. A été biberonnée au cinéma hollywoodien, à l’animation et aux mangas japonais, à la musique indienne, à la cuisine malaisienne. Et s’est aussi nourrie de l’opéra chinois, jouant avec les visages poudrés et les poses théâtrales. « Les gens se placent généralement dans une certaine catégorie, pour être dans quelque chose, mais ce n’est pas ce que je vois », précise-t-elle.
C’est en développant des pellicules noir et blanc pendant ses années universitaires qu’elle découvre le potentiel de la photographie pour « créer de nouveaux mondes ». En quelques années, Zhong Lin a construit un portfolio hors normes, éclectique, percutant. Chacun de ses clichés questionne les sens. Certains sont saturés de rouge profond, d’autres sont caractérisés par la texture et le mouvement, mais tous impliquent d’intégrer un élément naturel, comme des fleurs, des insectes, des animaux ou des fruits.
Empreinte poétique et fantastique
Ses compositions à la fois surréalistes et cinématographiques, nimbées de couleurs vibrantes, sont bouleversantes, et même « synesthésiques », comme l’a formulé Vogue Italie, évoquant parfaitement son langage visuel idiosyncrasique. Au moment de la pandémie, Zhong Lin a réussi un tour de force avec « Project 365 », qui consistait à réaliser une photographie chaque jour pendant un an. Un voyage à la découverte d’elle-même qu’elle a su entreprendre, suscitant une expérience sensible et transcendante. Son travail sur le thème de l’eau, source de vie et de mort, de peur et de bien-être, en confrontation avec le corps, fascine encore par tout ce qu’il véhicule de sentiments divers.
Entre visions énigmatiques, sensuelles et mystiques, Zhong Lin cristallise son style et notre regard. Pas étonnant que ses œuvres aient rapidement attiré l’attention des magazines (Harper’s Bazaar, Dazed, Vogue), des marques (Mugler x Wolford, Nike, SK-II) et des stars (Nicole Kidman, Lou Doillon). Elle a fait partie de la liste des « New Wave : Creatives 2021 » du British Fashion Council et des membres BoF 500 de Business of Fashion 2022. Entre projets personnels et commandes, elle ne fait aucune distinction ; ce qu’elle veut, c’est rester libre de créer des mondes possibles.
Malaisie
Nathalie Dassa