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DECOUVRIR L’HIMALAYA INDIEN ET SES FESTIVALS D’ETE

Photographe, peintre et vidéaste iranien, Chayan Khoi explore le monde en le photographiant

Grand voyageur, il évoque ses aventures avec la sensibilité d’un Saint-Exupéry et l’inspiration des grands sages. Désireux de faire partager de véritables histoires humaines, Chayan Khoi parcourt à moto des milliers de kilomètres durant plusieurs semaines, traverse des endroits peu connus, à la recherche d’une civilisation, d’une contrée, d’un paysage, afin de nous transmettre toute l’émotion qui émane de ses expériences uniques. Pour Acumen, Chayan Khoi livre l’un de ses fabuleux voyages.  

Pays : Inde 

Région explorée : Ladakh, région de culture tibétaine qui forme un territoire de l’Union indienne.

Superficie : 59 146  km2

Capitale : Leh, ville du haut désert de l’Himalaya située dans le territoire du Jammu-et-Cachemire, au nord de l’Inde.

Moyen de transport : moto 

Je suis allé en Inde 18 fois, et ce que j’aime le plus, c’est la région du Ladakh située dans l’Himalaya indien. Cette partie de l’Inde est spirituelle et aventurière. Certains parcours sont dangereux, car peu accessibles, mais ils en valent la peine. Et surtout, découvrir des paysages de montagnes à couper le souffle, ça se mérite ! L’Inde est tout simplement magique et ses peuples extraordinaires.

La période allant de fin juin à fin juillet est idéale, car c’est l’occasion de participer à plusieurs fêtes traditionnelles comme le festival Hemis dans la région du Ladakh. Ce festival a lieu tous les ans à la date anniversaire de la naissance de Padmasambhava, le fondateur du bouddhisme tibétain au « Hemis Gompa », le plus grand monastère du Ladakh. Durant deux jours, les locaux s’habillent de leurs plus beaux vêtements traditionnels et les lamas – enseignants du bouddhisme tibétain – effectuent, masqués, des danses connues sous le nom de « Chaam », accompagnées de musique et de sons de cornes et de cymbales. 

Vous pouvez également participer au festival Yuru Kabgyat, qui se déroule à Lamayuru, l’un des villages les plus pittoresques du Ladakh, ou encore au festival de Phyang Tsedup, l’un des plus importants de la région.  

Je ne prépare pas beaucoup mes voyages, car je laisse toujours une part au hasard et à l’instinct. En revanche, je passe par des agents locaux pour obtenir des laissez-passer aux frontières et louer de très bons véhicules, telle une moto dans mon cas.

En arrivant sur place, je pose beaucoup de questions à des spécialistes, car certains guides ne sont pas au courant de l’évolution de l’état des routes. 

Je prends un ravitaillement en essence et en nourriture et je trace mon parcours en fonction de l’état des routes et de la météo. Il faut savoir que lorsqu’il pleut, vous pouvez rester immobilisés assez longtemps, car les routes ne sont vraiment pas praticables par temps de pluie. C’est le seul danger en Inde.

Concernant le logement, durant votre parcours, l’idéal est de dormir dans des chambres d’hôtes pour 10 $ la nuit. Il est impossible de réserver, il faut compter sur la chance ou planifier en amont de votre voyage en passant par des agences. Vous pouvez également trouver de beaux hôtels comme des lodges aux vues exceptionnelles, mais selon moi, il faut garder ce type d’hôtel pour la fin de votre voyage, car cela peut couper votre rythme et l’aspect aventure de votre expérience.

Côté culinaire, la nourriture dans la région du Ladakh est très différente du reste de l’Inde, principalement en raison de la situation géographique et de la population majoritairement bouddhiste. La cuisine ladakhie est directement influencée par la culture tibétaine.

Avec un climat froid et extrêmement rigoureux pendant plus de six mois de l’année, le Ladakh ne possède pas de cultures agricoles très diversifiées. L’hiver, les Ladakhis sont souvent au régime forcé car l’alimentation est limitée, bien différente de la nourriture disponible en été. L’orge grillée réduite en farine est utilisée comme base pour de nombreux plats très consistants. Les voyageurs viennent généralement au Ladakh durant la saison estivale et ils sont surpris par les légumes frais qui s’épanouissent dans les jardins ladakhis. Ainsi, les adeptes d’agriculture biologique seront comblés par une nourriture délicieuse et variée, car ils ne mangeront que de bonnes choses, comme des salades aux épinards ou des abricots au fromage de yak.

S’agissant de l’artisanat, je vous suggère de faire vos achats au bazar de Delhi, le plus grand bazar au monde, dans lequel vous trouverez tout le savoir-faire local.

Ayant commencé mes voyages en Inde il y a plus de trente ans, je suis le témoin de l’impact environnemental du tourisme sur la planète. Lors de mes premières expériences, je traversais des routes en terre de 3 m de large maximum entre les montagnes. Il y avait souvent des chutes de pierre qui rendaient l’accès difficile vers les villes et les villages. On pouvait mettre deux jours pour parcourir 50 km, et seuls les vrais aventuriers se rendaient dans ces lieux. 

Aujourd’hui, dans ces mêmes villes et villages, il y a Internet, la majorité des habitants possèdent des téléphones portables et des camions livrent chaque jour des produits de consommation qui n’existaient pas auparavant. Les routes sont pratiquement toutes goudronnées et les hôtels ont remplacé les maisons. Le tourisme de masse entraîne un réel problème, notamment en augmentant considérablement le nombre de déchets. 

De nos jours, si vous souhaitez jouer aux aventuriers et trouver des villages encore préservés du tourisme, il faut aller plus loin et surtout plus haut dans l’Himalaya. 

Je pense même que d’ici vingt ans, le voyage d’aventure n’existera plus : il y aura des pistes d’atterrissage un peu partout (il en existe déjà à 4000 m et 5000 m d’altitude), l’accès à cette beauté aura un coût et les excursions s’effectueront dans un confort luxueux.

Je pense que ma génération a vécu l’âge d’or des voyages d’aventures, même si après 18 expériences en Himalaya indien, je reste toujours aussi passionné par ce pays.

Propos recueillis par Mélissa Burckel

Chayan Khoi immortalise ses nombreuses expériences par des carnets de voyage, témoins des nombreux messages que lui murmure le monde. Chaque carnet tente de concentrer l’essence d’un pays, d’une contrée, d’une civilisation, d’un peuple, et de recréer l’univers d’un lieu dans sa totalité. 

Collages, grattages, peinture, dessins : ses carnets initiatiques nous dévoilent la beauté du monde.


« Les carnets initiatiques de Chayan » – Galerie Joseph Le Palais

5, rue Saint-Merri, Paris 4e 

Du 10 Juillet au 2 septembre 2022

Accueil

www.chayankhoi.fr 

Informations

https://www.ju-lehadventure.com/fr/informations-ladakh/festivals-au-ladakh#yuru-kabgyat

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