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MARIA LAX, AU-DELÀ DU RÉEL

Basée à Londres, la photographe finlandaise nous transporte dans ses récits visuels hors du temps, à mi-chemin entre réalité, fiction et surnaturel. 

« La vérité est ailleurs », diront certains. Et ce n’est pas peu dire. Maria Lax s’intéresse à l’identité, aux croyances et au folklore moderne en explorant les mondes parallèles.

© Maria Lax / Some Kind of Heavenly Fire
© Maria Lax / Some Kind of Heavenly Fire

Sa série Some Kind of Heavenly Fire, devenue sa première monographie publiée en 2020 (Setanta Books), nous plonge dans ces visions fantasmagoriques, inspirées d’un livre de son aïeul qu’elle a découvert tardivement. Il avait rassemblé dans un recueil des témoignages d’observations paranormales au début des années 1970 quand il officiait en tant que journaliste. « Mon grand-père, alors atteint de démence, ne pouvait répondre à aucune de mes questions. Je suis donc allée chercher des réponses », explique-t-elle. Maria Lax est ainsi retournée dans sa région natale du nord de la Finlande, entourée d’une nature sauvage et peu peuplée, pour mener son enquête et trouver les personnes citées dans le carnet.

« La plupart traversent la ville pour se rendre ailleurs sans jamais savoir que c’était un haut lieu d’observations d’ovnis dans les années 1960 », souligne-t-elle, précisant : « Ces phénomènes incarnent une peur de l’avenir, de l’inconnu et du changement inexorable des modes de vie et des moyens de subsistance qui se produisent autour d’eux. Certains ont réagi avec crainte aux lumières mystérieuses, d’autres les ont interprétées comme un signe qu’ils n’étaient pas seuls. »

Atmosphères atemporelles

Halos de lumière, feux célestes, éclairs de néon, phares de voitures et rayonnement nocturne se cristallisent ainsi dans ses photographies aux allures de scénario cinématographique.

Ses images représentent ces histoires surnaturelles, tout en puisant dans les récits de fantômes et le folklore des contes populaires traditionnels.

© Maria Lax / Taken by the Tide

Dans sa pratique, Maria Lax utilise les procédés de caméra expérimentaux, le flash et les couleurs vives. « Je privilégie les techniques d’éclairage utilisées pour le cinéma ou la lumière déjà présente, afin de créer une scène », précise-t-elle, ajoutant : « Avec mon designer Jan Hillman, nous avons séquencé le livre de manière à ce qu’il se déroule comme un film. »

La photographe tisse ainsi une histoire envoûtante au cœur de cette région chargée de secrets. En 2023, elle sort son deuxième ouvrage, tiré de sa série Taken by the Tide (Nazraeli Press), explorant cette fois la notion de mémoire du lieu de son enfance : de retour dans sa région natale après de nombreuses années, elle se rend compte que l’endroit qu’elle connaissait jadis n’existe plus, hormis dans ses souvenirs.

© Maria Lax / Taken by the Tide

Ses images nous propulsent dès lors dans un paysage surréaliste où le familier devient étranger, où les repères se perdent dans un jeu d’atmosphère terrestre en mouvance, aussi mélancolique que poétique.

Angleterre – Londres

maria-lax.com

Nathalie Dassa