Rendez-vous annuel de la création au Fresnoy, célèbre Studio national des arts contemporains de la métropole lilloise sis à Tourcoing, « Panorama » permet de découvrir chaque année plus de 50 œuvres inédites dans les domaines de l’image, du son et de la création numérique réalisées par les étudiants résidents. Voici notre sélection de cette 25e édition.



Agrégeant des sculptures semblables à des ruines sous-marines à des vidéos digitales, l’artiste chinoise Yue Cheng (née en 1995), avec son installation The World, nous plonge dans un monde utopique subaquatique, celui de la réapparition d’espèces marines préhistoriques dans une perspective futuriste post-industrielle. À la lisière de la science-fiction, ses paysages des abysses nous confrontent aux abîmes de la destruction et de la déshumanisation.
Non moins dystopique, l’installation audio-visuelle de Marcel Mrejen (né en 1994) faisant du désert algérien un paysage virtuel (mêlant images réelles et images irréelles) nous plonge dans l’expectative après nous avoir happés par sa beauté : éclairé par un soleil artificiel de science-fiction, ce monde sans nuit, balayé par une tempête de sable, ne serait-il pas celui de « l’utopie capitaliste d’une croissance infinie 1 » ?


De l’utopie à la dystopie
Pour nous sortir de notre torpeur, l’installation sonore de Victor Villafagne (né en 1995) crache des bruits d’explosion, de tirs d’armes et de cris mêlés à des bribes d’hymnes nationalistes et de top hits remixés par une intelligence artificielle. Une redoutable « arme acoustique de manipulation mentale » qui vous fera aimer le silence et la douce poésie des Variations des cirques de Ferdinand Campos, artiste, mathématicien et poète. Avec cette impressionnante installation combinant poésie visuelle et sculpture textile, nous sommes face à deux simulacres de montagnes où défilent des bribes de poèmes, écrits au cours d’une ascension, analysés et recomposés via un système algorithmique complexe. Non loin de là, Bianca Dacosta, originaire du Brésil, nous donne à voir le « corps de l’eau » (Corpo d’água) : face à un écran projetant des images de montagne, une bâche en plastique suspendue remplie d’eau est visitée par un corps blanchâtre virtuel apparaissant et disparaissant, créant ainsi « un espace sensoriel », « une fiction minérale qui nous invite à ressentir notre relation primaire avec cet élément [liquide] qui nous constitue 1 ».


Avec son environnement polymorphe de Night Stalker, Sarah-Anaïs Desbenoit (née en 1992) invite, quant à elle, les visiteurs à « entrer dans un état méditatif à travers un paysage évolutif visuel et sonore ». Un sunset projeté en boucle sur un écran, des larmes/gouttes tombant dans un bassin miniature, un petit train tournant sur un circuit… les sculptures animées qui composent ce paysage poético-ludique sont autant de micro-fictions propres « à transmettre un état teinté d’une certaine mélancolie nous amenant à un vagabondage onirique et mélodique ».
- Citations issues du catalogue de l’exposition.
« PANORAMA 25 »
Le Fresnoy – Studio national des arts contemporains
22, rue du Fresnoy, Tourcoing
Jusqu’au 7 janvier 2024