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GUY BOURDIN À L’HONNEUR AU ARMANI/SILOS

À l’occasion de la Fashion Week de Milan, Giorgio Armani célèbre dans son espace milanais la créativité du photographe visionnaire qui a su faire dialoguer dans ses clichés le mystère, le bizarre et le sublime.

© The Guy Bourdin Estate, 2023

Ses thèmes abordent l’étrangeté surréaliste, le glamour de la mode, l’humour provocateur et les intrigues mystérieuses du septième art. Esprit libre, Guy Bourdin (1928-1991) s’est toujours amusé à fragmenter les images et les corps, à jouer avec les poses dérangeantes, les univers sombres et déroutants, les compositions serrées, les couleurs saturées et les contrastes d’éclairage.

Si ce natif parisien a bousculé les codes de la photographie de mode au milieu du XXe siècle, collaborant avec les plus grands magazines et de nombreuses maisons de luxe, il a toujours partagé sa vie entre peinture, photographie, réalisation et écriture.

© The Guy Bourdin Estate, 2023

Giorgio Armani et la succession Guy Bourdin se prêtent ainsi main-forte pour exposer une centaine d’œuvres inédites et mythiques. À l’image de ce cliché ultra culte, paru dans Vogue Paris en 1970, qui montre plusieurs mains superposées couvrant les yeux d’un mannequin, tout en laissant le rouge gloss et brillant sublimer lèvres et manucure.

© The Guy Bourdin Estate, 2023

L’exposition « Guy Bourdin: Storyteller » vient ainsi remettre en lumière la puissance du travail de ce génie créatif, « capable de condenser des romans entiers, généralement policiers ou noirs, en un seul plan, dans la veine d’Alfred Hitchcock et d’Edward Hopper, qu’il admirait beaucoup ».

Liberté de création

Au cœur de cet ancien silo à grains transformé en musée d’art et de mode, au centre de Milan, l’exposition se scinde en plusieurs parties, à l’instar de celui qui a toujours privilégié « la création d’images » et non le produit.

© The Guy Bourdin Estate, 2023

La première partie explore l’utilisation par le photographe des couleurs saturées, dans des salles entières de rouges, de verts et de roses.

La deuxième partie fait place à des instantanés en noir et blanc, réaffirmant sa capacité expressive et son jeu minutieux du contraste.

La troisième partie nous plonge dans son amour du cinéma, avec des clichés de campagnes publicitaires qui évoquent sa fascination pour le maître du suspense, inventant derrière le glamour « des scènes de crime et des courses-poursuites policières ».

La volonté de Giorgio Armani est de faire de l’espace Armani/Silos « un centre de la culture photographique contemporaine, embrassant tout ce qui touche à son monde ainsi que des choses qui ne pourraient en être plus éloignées ».

© The Guy Bourdin Estate, 2023

La carrière de cette légende française de la photographie en est l’exemple. « À première vue, Guy Bourdin n’est pas un artiste avec qui j’ai beaucoup de points communs », déclare le couturier italien, précisant : « Son langage est tranché, graphique et percutant. Un sens de la provocation est immédiatement perceptible dans son travail, mais ce qui me frappe le plus – et ce sur quoi je voulais me concentrer – c’est plutôt sa liberté de création, son talent narratif et son grand amour du cinéma. Il n’a pas suivi la foule et n’a pas fait de compromis et je m’identifie à cela. Je ne crois pas qu’il existe un autre moyen de marquer l’imaginaire collectif. » 

« Guy Bourdin: Storyteller » – Armani/Silos

Via Bergognone 40, Milan (Italie)

Jusqu’au 31 août

armanisilos.com

 Nathalie Dassa

© The Guy Bourdin Estate, 2023