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L’IRRÉSOLUE

Très tendance, l’indétermination a été définie par nombre d’artistes et théoriciens comme le cœur vibrant de « l’acte poétique », la pierre d’achoppement de « l’illumination ». 

© Distruktur-CAT EFFEKT

« Rien n’est plus hostile au concept de la beauté que la volonté de donner à l’esprit une forme déterminée », écrivait au XVIIIe siècle Friedrich von Schiller, tandis qu’au milieu du XIXe siècle Mallarmé en appelait à une langue poétique instable aux vers brisés dotant les mots d’un « suspens vibratoire »… Cette « suspension esthétique », cette vibration née de l’indétermination, la voici l’objet d’une exposition joliment intitulée L’Irrésolue réunissant photographies, vidéos, peintures, sculptures et installations de six jeunes artistes partageant « une appétence pour le mystère, le secret, l’incertain et l’invisible autant que l’indicible ». 

© Joanna Piotrowska-Mouse Teeter.

C’est donc dans le presque rien, l’infime, que se joue ici la partie : explorant cet inframince qui sépare le geste domestique du geste artistique, dans cet interstice où se glissent parfois les rêves, les visions propres à transformer la réalité en une vaste narration visuelle, « elles composent la trame d’un récit non linéaire, en pointillés voire en suspens, proposant une lecture plurielle, ouverte et changeante ».

© Leslie Thornton-Jennifer, Where Are You?

À travers une ouverture dans le mur laissant filtrer une lumière rouge pouvant évoquer autant le danger que le désir, Camille Brée modifie notre perception de l’espace et attire notre attention vers un hors-champ qu’elle révèle tout en le dissimulant. Libre à nous de nous projeter dans cet espace secret et inaccessible… Autre espace interstitiel, celui gisant entre les couches de peinture interminablement polies, poncées pour être à nouveau recouvertes d’Eléonore Cheneau. De la métamorphose et de l’inachèvement, il est aussi question dans l’installation Seeing Double de Céline Vaché-Olivieri composée de cartons transformés, placés dans un état transitoire et incertain, « comme en mutation »…Quant au quotidien miniaturisé et chorégraphié de Nadia Belerique, il trouble notre perception de l’intimité et suggère de nouveaux récits à la lisière de la fiction et de la réalité.

© Nadia Belerique-SLICE, installation (détail)

L’IRRÉSOLUE – FRAC Ile-de-France – Le Plateau

Jusqu’au 23 avril

22, rue des Alouettes, Paris 19e

France

www.fraciledefrance.com

Stéphanie Dulout