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HANS OP DE BEECK THE QUIET PARADE

Après le camping abandonné figé dans une gangue de peinture grise, installé dans un hangar lors de la dernière Biennale de Lyon (We were the last to stay)1, c’est une nouvelle gigantesque installation immersive aux allures de ville fantôme signée Hans Op de Beeck qui a pris possession des espaces du musée Amos Rex de Helsinki.

Hans Op de Beeck, My bed a raft… 2019 photo Studio Hans Op de Beeck

L‘artiste et scénographe belge (né en 1969 dans la province d’Anvers), dont les œuvres grises (peintures, dessins, photographies, sculptures, vidéos) seront bientôt confrontées à la palette chatoyante des maîtres flamands au Musée de Flandre, déploie ici une parade silencieuse à mi-chemin entre la danse macabre et le conte de fées. En effet, chez Hans Op de Beeck, monochromie rime avec mélancolie et féérie…

Hans Op de Beeck, The Horseman, 2020. Photo Studio Hans Op de Beeck.

Pour l’artiste plasticien, le gris est davantage qu’une référence à la cendre du célèbre memento mori du Livre de la Genèse (« Souviens-toi, homme, que tu es poussière et que tu redeviendras poussière… ») : c’est une référence à la neige et à sa capacité à installer le silence et à arrêter le temps. Bien qu’il retentisse de tous les bruits et de tous les tourbillons du monde (les fêtes foraines à travers le manège – chevauché par des squelettes –, les goûters d’anniversaire à travers les parts de gâteau disséminées çà et là…), ce grand paysage gris retranscrit des bruits étouffés et des gestes arrêtés, des moments de vie en suspens…

Hans Op de Beeck, The Cliff, 2019. Photo Studio Hans op de Beeck.

On y pénètre à pas feutrés, comme dans un sentier enseveli sous la neige, sans même oser chuchoter : nous voici voyeurs et arpenteurs, empruntant ces chemins de vie figés dans une gangue achromatique évoquant immanquablement les habitants de Pompéi pétrifiés par les cendres… Dans ce village monochrome et atone semblable à un memento mori géant ou peut-être plutôt à un rêve, on croisera des enfants (soufflant une bulle de savon, jouant avec un papillon ou tirant la corde d’un arc), deux hommes en conversation, un batelier et un énigmatique cavalier, une jeune fille endormie sur un radeau flottant dans un étang de nénuphars, des mûres géantes, une vanitas XL et quelques autres natures mortes disproportionnées. De quoi méditer, à n’en pas douter… 

Hans Op de Beeck, The Quiet Parade, Amos Rex 2022
Hans Op de Beeck, The Quiet Parade, Amos Rex
Hans Op de Beeck, My bed a raft, the room the sea, and then I laughed some gloom in me, 2019. Photo Studio Hans Op de Beeck

1. Voir Acumen no 27

« The Quiet Parade » – Amos Rex
Mannerheimintie 22-24, Helsinki (Islande)
Jusqu’au 26 février
amosrex.fi

« Silence et résonance : quand l’art de Hans Op de Beeck rencontre les maîtres flamands »
Musée de Flandre
26 Grand’Place, Cassel
Du 1er avril au 3 septembre
museedeflandre.fr

Stéphanie Dulout