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JUSTINE TJALLINKS : WONDER

Qu’est-ce que le Beau ? Qu’est-ce qui définit ou justifie les canons de beauté ? C’est la question que pose avec beaucoup d’audace l’artiste hollandaise Justine Tjallinks (née en 1984). Son arme ? La beauté de l’image et la perfection du rendu plastique à travers, notamment, l’usage optimum de la lumière. Son thème de prédilection ? La singularité. Son médium ? Une photographie hybridée, retouchée au pinceau numérique. 

© Justine Tjallinks, Vision, série « Jeweled », 2016.
© Galerie Sophie SCHEIDECKER
© Justine Tjallinks, Sandra I, série « Surfaces », 2018
© Galerie Sophie SCHEIDECKER
© Justine Tjallinks, Trixie I, série « Surfaces », 2018
© Galerie Sophie SCHEIDECKER
© Justine Tjallinks, Anke I, série « Surfaces », 2018
© Galerie Sophie SCHEIDECKER

Donnant à ses clichés un aspect quasi pictural, ce processus minutieux de retouche numérique procure aux images une étrange ambiguïté : hybridant le réel et le virtuel, elles troublent notre regard hésitant, ne sachant à quel monde se raccrocher. De même, c’est pour mieux les contrecarrer que l’artiste, avec une virtuosité non dénuée de perfidie, contrefait les modèles de l’histoire de l’art, de la peinture ancienne – et plus particulièrement des portraits du Siècle d’Or néerlandais – au réalisme magique. 

© Justine Tjallinks, _Empowerment, série « Modern Times », 2017
© Galerie Sophie SCHEIDECKER
© Justine Tjallinks, Merlijn, série « Glory », 2020
© Galerie Sophie SCHEIDECKER

Si le procédé – illustré, notamment, par Frank Horvat dans les années 1980 – n’est pas nouveau, il fait mouche. Faisant rejouer ainsi la scène de La Lettre de Vermeer à son modèle, Justine Tjallinks joue habilement du mimétisme (de la posture, des couleurs, du décor…) et de l’anachronisme (à travers la modernité presque futuriste de la coiffure et des tissus) pour créer une collision du passé et du présent.

© Justine Tjallinks, Oscuro, 2019
© Galerie Sophie SCHEIDECKER

Évoquant tour à tour les intérieurs hollandais d’un Ter Boch ou d’un Van Hoogstraten, les portraits d’Antoine van Dyck ou Frans Hals, tout en faisant s’interpénétrer les temporalités (dans les séries Modern Times et Passé notamment), l’artiste fait subrepticement apparaître l’anormalité. Ainsi de la difformité à la fois si troublante et si attachante des visages des enfants atteints du syndrome de Down (The Leftlovers), ou de l’albinisme auquel l’artiste consacre une lumineuse série, Jeweled, en 2016, parvenant à faire de cette anomalie un attribut féerique… 

 © Justine Tjallinks, Revasser, série « La Trahison des Images », 2017  
© Galerie Sophie SCHEIDECKER

Si sa finalité est de donner à voir la beauté de la différence, c’est bien ce à quoi elle parvient aussi dans sa série Surfaces faisant surgir, à fleur de peau, la vérité sous le masque en bouleversant les normes esthétiques à travers l’exaltation des « imperfections », altérations et autres particularités mises en valeur par des effets contrastés de brillance et de matité techniquement époustouflants. Une salutaire Trahison des images, tout comme dans la série homonyme donnant à voir la troublante plasticité des peaux noires…

« Wonder » – Galerie Sophie Scheidecker
14 bis, rue des Minimes, Paris 3e
Du 3 février au 25 mars 2023

www.galerie-sophiescheidecker.com

Stéphanie Dulout