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MARTINET & TEXEREAU : LE DESSIN EN DUO

Le dessin en duo

Tels des arrêts sur image, les étranges lieux d’habitation inhabités dessinés à quatre mains à la mine graphite sur de grandes feuilles de papier, par Pauline Martinet et Zoé Texereau, fascinent à plus d’un titre. Par leur extraordinaire maîtrise graphique, tout d’abord, d’autant plus bluffante que les deux artistes la partagent au point de s’échanger les planches en cours d’élaboration… Par leur maîtrise de la narration, ensuite, car ces allées, ces jardins et ces terrasses désertés, ces façades et ces portes de garage fermées, ces fenêtres obstruées et ces pans de mur ourlés de massifs bien taillés enchâssant d’inquiétantes ombres portées sont autant de cuts fictionnels offerts à l’imagination… Des lieux aux allures de décors fantômes ou de plans-séquences tronqués, habités par l’absence et comme figés dans un temps suspendu où tout devient possible, où tout peut être envisagé.

Pris au piège de leur champ clos et de leur troublante frontalité, l’oeil, trompé par la minutie du trait et la perfection presque photographique du rendu des matières et des jeux d’ombres et de lumières, plonge dans le grand mutisme de ces images-écrans pour reconstituer le puzzle cinématographique composé par ces scènes elliptiques et éparses. Nées respectivement en 1987 et en 1986, Pauline Martinet et Zoé Texereau travaillent en duo depuis leur rencontre à l’École nationale supérieure des arts décoratifs en 2008. Récipiendaires du prix de dessin Pierre David- Weill en 2020, elles ont été en résidence à la Drawing Factory à Paris (2021), mais aussi à Los Angeles (2017) et en Norvège (2014). Elles vivent et travaillent à Paris. Pauline Martinet et Zoé Texereau pratiquent depuis peu un nouveau médium, le textile, qui permet la transposition colorisée de leur univers dessiné en noir et blanc dans des quilts (ou patchworks) de tissus aux couleurs vives.

Vous pouvez découvrir leurs créations sur leur compte

Instagram : martinettexereau

                                                                                                                                                                                                 Par Stéphanie Dulout