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Aerodream

Jusqu’au 14 février prochain, la Cité de l’architecture et du patrimoine nous raconte la réjouissante épopée du gonflable, via l’exposition de 250 œuvres dont quelques pièces monumentales, dans ses galeries permanentes. 

Curieuse destinée que celle de ces masses de matière pensées pour capturer l’air. Né dans les mains des frères Montgolfier au XVIIIe siècle, le pneumatique est exploité à des fins militaires, industrielles et commerciales jusqu’au désastre du Hindenburg en 1937, date à laquelle le dirigeable allemand prit feu dans le New Jersey. Le gonflable se manifeste à nouveau avec l’utilisation du caoutchouc chez Michelin ou Goodyear, et trouve une tout autre fonction dans sa version nylon avec l’architecte Frank Lloyd Wright. L’Américain développe la « Airhouse », un bâtiment sans fondation, accessible et économique. Tout comme le milieu de l’architecture, le monde artistique va s’emparer de cette invention, à commencer par Otto Piene, cofondateur du groupe ZERO, avec l’ambition de redéfinir l’art de l’après-Seconde Guerre mondiale. Son format connait un certain succès dans le cadre d’installations ludiques, notamment au sein des expositions universelles. Il donne lieu à des créations spectaculaires comme le pavillon Fuji, présenté lors de l’exposition d’Osaka en 1970, signé par l’architecte japonais Yutaka Murata.

Le plastique permet aussi au gonflable de faire son entrée chez les particuliers, notamment via le travail de Quasar Khanh avec son mobilier à l’image pop.
Si les chocs pétroliers mettront un coup d’arrêt à cette folle trajectoire, les structures gonflables trouvent un regain d’intérêt auprès des architectes des années 2000 (Rem Koolhaas, Anish Kapoor, Herzog & de Meuron) en quête d’éphémère et de liberté. 

https://www.citedelarchitecture.fr/

Par Lisa Agostini