Edito aux Bains Douches par Francois Berthier, dans le role de la femme de Bernard Tapie sur Netflix, Josephine Japy époustouflante de talent!
On l’a découverte très jeune dans le film Les Âmes grises d’Yves Angelo aux côtés de Jean-Pierre Marielle, Jacques Villeret et Marina Hands, puis, cinq ans plus tard, dans Le Moine de Dominik Moll aux côtés de Vincent Cassel. Depuis, l’actrice Joséphine Japy a enchaîné les films en alternant personnages historiques et fictifs, cinéma d’auteur et comédie.

Robe : Leonard Paris
Bijoux : Jordane Somville
Nous l’avons vu grandir, s’épanouir et éclore dans le film Respire de Mélanie Laurent, où elle interprète, tout en délicatesse et en justesse, le personnage de Charlie, adolescente réservée, plongée dans une relation d’amitié toxique.
L’actrice sera à l’affiche de Tapie aux côtés de Laurent Lafitte, nouvelle série réalisée par Tristan Séguéla et Olivier Demangel dans laquelle elle interprète le rôle de Dominique Tapie, l’épouse de l’homme d’affaires à l’ambition débordante. Une interprétation tout en nuances, jouée avec force et aplomb face à un Laurent Lafitte bluffant et surprenant.
Rencontre.

Tailleur : SKFK
Body : La Partisienne
Joaillerie : Chanel Joaillerie
20 h 10
Hôtel Les Bains – Paris
La rédaction d’Acumen aime beaucoup découvrir les éléments déclencheurs qui sont à l’origine d’un parcours artistique. Vous avez débuté votre carrière très jeune avec un premier film à l’âge de 10 ans. Est-ce que devenir actrice était un rêve de petite fille ou bien le hasard a-t-il forcé votre destin ?
J’ai pris des cours de théâtre enfant, mais c’était plus un loisir, une manière de m’amuser autrement… Puis, un jour, après une représentation de fin d’année, je me souviens parfaitement avoir ressenti un grand vide en moi, un manque instantané ; j’étais vraiment triste, et je pense qu’à ce moment-là, j’ai eu un premier déclic.
Puis, plus tard, c’est une rencontre qui a bousculé mon désir de devenir actrice. Je passais un casting pour le rôle d’un enfant dans le film Un long dimanche de fiançailles de Jean-Pierre Jeunet. Le réalisateur est venu me voir et, se plaçant à ma hauteur, il m’a dit : « Joséphine, je peux te parler comme à une adulte ? Aujourd’hui, ce ne sera pas toi, mais un jour, on se retrouvera… » Cette phrase a suscité en moi l’envie de m’accrocher, d’y croire et de continuer. Ces mots ont eu une véritable résonnance et je ne serais peut-être pas là, en face de vous, si ce jour-là Jean-Pierre Jeunet n’avait pas pris le temps de me dire cela.

Robe : Leonard Paris
Bijoux : Jordane Somville
Vous avez joué des rôles très différents dans des films variés entre fiction, comédie, film d’auteur… Si quelqu’un ne connaissait pas votre filmographie, quel film aimeriez-vous qu’il découvre en premier ? Et pourquoi ?
Je pense à Respire de Mélanie Laurent : à la lecture du scénario, j’ai ressenti immédiatement un réel attachement pour le personnage. Et puis, ce tournage était si particulier, avec peu d’installations, une petite équipe, une intimité qui nous enveloppait et nous protégeait aussi. Je n’ai absolument pas triché sur ce tournage, j’ai lâché prise car je me sentais en confiance, entourée de bienveillance. J’en garde un très beau souvenir de cinéma.

Ensemble : Leonard Paris
Joaillerie : Chopard
Le grand public va vous découvrir dans la série Tapie, qui sera diffusée sur Netflix prochainement. Cette fiction biographique dévoile trente ans de la vie de l’homme d’affaires entre moments de gloire et chutes vertigineuses. Pour les gens de ma génération, le nom de Tapie était familier : Que l’on soit de gauche ou de droite, Tapie a toujours animé les discussions et suscité de l’intérêt auprès des hommes d’affaires, des politiciens et des jeunes de banlieues. Pour vous qui avez seulement 29 ans, c’était quoi « Tapie » ?
Je suis née deux ans après sa condamnation dans l’affaire du match Valencienne-OM. Pour les gens de ma génération, nos souvenirs médiatiques concernant Bernard Tapie sont donc plus liés à la justice et aux moments sombres de sa vie. Et pourtant, j’avais l’image (et je l’ai encore) d’un homme à l’ambition sans limites qui a réalisé tous ses rêves. C’est un homme qui a donné envie à des générations entières de créer leur propre société, de devenir entrepreneur, de se lancer et de prendre des risques. Et cette envie a perduré et perdure encore aujourd’hui… C’est fou !

Tailleur : SKFK
Joaillerie : Chopard
Body : La Partisienne
Dans cette nouvelle série, vous interprétez le rôle de Dominique Tapie, l’épouse de Bernard Tapie. Interpréter un personnage réel est-il plus complexe et plus difficile que jouer un personnage totalement fictif ?
Oui, clairement ! Pour moi, il y a une double pression : d’abord, interpréter parfaitement le rôle que l’on m’a offert, être en accord avec les attentes du réalisateur, mais aussi avoir le regard de la personne que vous interprétez et celui de son entourage, de sa famille, de ses amis… Vous savez que vous allez être disséquée, en quelque sorte, ce que je comprends d’ailleurs tout à fait.
Pour le film Cloclo de Florent-Emilio Siri, je jouais le personnage de France Gall, véritable icône de la chanson française, et je me souviens avoir été très angoissée à la sortie du film. Je n’ai jamais eu de retour de France Gall concernant mon interprétation, mais quelques années plus tard, j’ai croisé son fils lors d’une avant-première. Il est venu me saluer et m’a simplement dit, avec beaucoup de tendresse dans la voix : « Merci d’avoir interprété ma maman ainsi. » Cela m’a bouleversée et m’a rendue si heureuse ! J’avais, en quelque sorte, la sensation d’avoir réussi.

Robe : Leonard Paris
Bijoux : Jordane Somville
Sac : Louboutin
Justement, comment se déroule le processus de fabrication d’un personnage existant – en l’occurrence, pour vous, le rôle de Dominique Tapie ?
On sait peu de choses sur Dominique Tapie, et pourtant, nous savons tous qu’elle a tenu une place importante au sein de son couple et joué un rôle déterminant dans certaines affaires de son mari. Dès le départ, Tristan Séguéla tenait à mettre en avant cette histoire d’amour fusionnelle, complice et forte. C’était le fil rouge dans sa série.
Pour ma part, avant chaque tournage, j’aime prendre le temps de faire des recherches, voir des tas de choses, archives vidéo, interviews, images, articles… et surtout les photographies. Je trouve que l’on peut apprendre pas mal de choses sur une personne en regardant les détails d’une photographie : une posture, un geste de la main, un sourire ; et ensuite, l’environnement, les lieux où ont été prises ces images : un salon, un bureau, en extérieur, en intérieur… Et soudain, une photographie vous happe, résonne en vous, et c’est comme un signal, le point de départ de la fabrication du personnage. Dans ce cas, ce déclic est une photographie datant de 1993, prise à Marseille : on y voit Dominique Tapie jouer du piano, radieuse, souriante… Je ne peux pas vraiment expliquer pourquoi, mais cette image a été le commencement du processus de fabrication de mon personnage.

Pull : Pleats Please Issey Myake
Maillot de Bain : Eres
Joaillerie : Chopard
Ensuite, il y a aussi toute l’évolution de la personnalité de votre personnage, son caractère, la place qu’il prend au fur et à mesure des épisodes, avec de multiples nuances : une femme admiratrice, amoureuse, forte et fragile à la fois, conquérante… Comment avez-vous travaillé toutes ces facettes et cette évolution du personnage de Dominique Tapie ?
Ce qui était compliqué, c’était de travailler un personnage sur une si longue période. Au début de la série, Dominique a 19 ans, et dans les derniers épisodes, elle a 45 ans. Il y avait donc tout un travail à opérer tant sur la partie physique que sur son caractère. D’un point de vue technique, il faut savoir que le tournage s’est déroulé en deux temps : une première étape de tournage de trois épisodes, puis, après un mois de coupure, une seconde étape de tournage de quatre autres épisodes. Laurent devait prendre du poids entre ces deux périodes de tournage.
Je n’avais encore jamais vécu un tournage de série. Ce qui était assez fou, c’est que la période de préparation a été assez intense pour Tristan Séguéla, Olivier Demangel, Laurent Lafitte et moi-même, et les journées de tournage étaient si denses… Et puis, à un moment donné, Laurent est devenu Bernard Tapie et je suis devenue Dominique Tapie, et chaque geste, chaque posture, devenait alors naturellement celui de mon personnage. Je n’avais plus à réfléchir. Au début du tournage, on me préparait, on choisissait mes tenues, mes accessoires, mes bijoux… puis, après un certain temps, là aussi, j’arrivais le matin dans ma loge et je n’avais plus besoin d’être costumée, je me préparais seule, je choisissais seule telle tenue avec tels accessoires, c’était comme un automatisme. D’ailleurs, quand j’y pense, c’est un peu vertigineux… Et donc, tout naturellement, lorsque mon personnage a dû évoluer, prendre de la force de caractère, de la ténacité, un certain charisme plus conquérant, l’évolution s’est faite de manière super fluide. Je n’ai pas eu à forcer les choses. Il faut dire aussi que ce qui a aidé, c’est que cela a tout de suite collé avec Laurent, et notre couple a été rapidement une évidence.

Robe : Leonard Paris
Bijoux : Jordane Somville
Jouer dans une série était une première pour vous. Comme vous l’avez précisé, cela signifie des périodes de tournage plus longues. Comment gérez-vous les phases post-tournage ? Quels sont vos autres centres d’intérêt en dehors du cinéma ?
Après chaque tournage, je me retrouve dans une grande déperdition émotionnelle, je me sens totalement vidée. Pour moi, il est essentiel de vivre plein de choses en dehors du cinéma pour remplir ce vide et prendre de la matière pour construire mes prochains rôles. Et cette matière, je la trouve dans le dessin par exemple – je dessine beaucoup –, et aussi dans la cuisine – j’adore cuisiner !
D’ailleurs, pour moi, la cuisine, c’est un peu comme le cinéma : on prépare sa recette dans son coin, comme son rôle, et ensuite on vient présenter le plat, le faire goûter, et on attend les retours en espérant qu’ils soient positifs. Je regarde aussi pas mal de films…
À ce propos, quels films vous ont profondément touchée ?
Dernièrement, je dirais Anatomie d’une chute de Justine Triet. La presse est unanime, et c’est tellement justifié ! Le film est un choc. Et un peu moins récemment, Le Lycéen de Christophe Honoré m’a beaucoup émue.

Vêtements et chaussures : Miu Miu
Joaillerie : Dior Joaillerie
Et des acteurs ou actrices qui vous touchent particulièrement ?
Je ne peux pas ne pas citer Jean-Pierre Marielle, car je garde en moi un souvenir magique de mon expérience cinématographique à ses côtés. Je suis aussi une fan absolue de Meryl Streep, autant l’actrice que la femme. Il y a également Romy Schneider qui, selon moi, forme avec Michel Piccoli l’un des plus beaux couples au cinéma.
Et parmi la nouvelle génération ?
Je citerais Paul Kircher, qui m’a bouleversée dans Le Lycéen, cité précédemment, et que j’ai hâte de découvrir dans Le Règne animal. Et puis Anthony Bajon, un vrai talent à suivre.
Le magazine Acumen met en lumière de jeunes talents émergents dans le milieu du design, de l’architecture, de l’art, de la photographie… Souhaitez-vous nous faire découvrir un talent ?
L’artiste photographe Lucile Boiron (@lucileboiron) pour ses photographies à double lecture. Très intéressant.
Et l’artiste Claire tabouret (@clairetabouret)dont j’adore les peintures.

Robe : Leonard Paris
Bijoux : Jordane Somville
Et pour terminer, quels sont vos projets à venir ?
Ma Mère, Dieu et Sylvie Vartan de Ken Scott
Adaptation du roman de Roland Perez
Avec Leïla Bekhti et Jonathan Cohen
Mata de Rachel Lang
Avec Eye Haïdara
Merci, chère Joséphine, ce fut un réel plaisir.
Photographe : François Berthier
Assistant : Benoit Roby
Direction Artistique : Mélissa Burckel
Assistante D.A : Flora Di Carlo
Stylisme : Audrey Jehanno
Maquillage : Aya Fujita (Agent Karine Raffalli : Calisteagency)
Coiffure : Julie Bennadji (Agent Florent Farinelli)
Agence Contact : Julia Bossard
Chargée de Production : Sarah Moreau
Vidéo : Marie Dirassouyan
Série Tapie réalisée par Tristan Séguéla et Olivier Demangel
Distribution : Laurent Lafitte, Joséphine Japy, Camille Chamoux et Fabrice Luchini
Diffusée à partir du 13 septembre sur Netflix