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CLAIRE MORGAN : A tentative strategy for a renewal

Les installations de Claire Morgan ont la grâce et la légèreté des œuvres graves et profondes. Quelque chose de Kundera et de son Insoutenable légèreté de l’être. Transformant des déchets plastiques ou organiques en poétiques memento mori, d’élégantes mises en scène taxidermiques en fables, elles nous donnent à voir la beauté tragique de la fragilité de l’existence.

« Je veux que mon travail confronte et déstabilise le spectateur, qu’il l’encourage à prendre ses responsabilités. » Claire Morgan serait-elle la Greta Thunberg de l’art contemporain ? A tentative strategy for a renewal, or, wanting to tell you everything and then changing my mind 1atteste une dimension bien plus poétique, hésitante et hasardeuse dans la démarche écologique de la plasticienne irlandaise (née à Belfast en 1980).

D’impermanence et de fragilité il est question dans tout son œuvre, qu’il s’agisse de ses pétales de plastique tombant en pluie telles des larmes  – recyclables ? – sur ses oiseaux morts ou de ses dessins tout aussi colorés et macabres, mais plus éruptifs encore. Il y a bien, en effet, quelque chose de la militante chez cette taxidermiste rock and roll ; quelque chose de la couseuse et de la ravaudeuse aussi… cousant, collant, filant, déchiquetant, tannant… patiemment, inlassablement, dans son studio de Gateshead, les cadavres de mouches, les aigrettes de pissenlit et les sacs plastique…

Dans la nouvelle « stratégie provisoire pour un renouvellement » de Claire Morgan, la mort est toujours en suspens et le point de rupture sous-jacent ou imminent. Véritable stratégie cathartique semblant opérer, par la fusion des contraires et le jeu des ambivalences, une transmutation de la matière, voire une résurrection… Ainsi, dans Mourning for real, des lambeaux de plastique orange et rose paraissent à la fois se répandre dans le ventre d’un pinson des arbres figé dans son agonie, et en surgir : gerbe d’un feu d’artifice, flamboyantes « murmurations » ou larmes triviales et magnifiques d’un monde en décomposition…

Autre dépouille fantasmagorique, la corne, apparue récemment dans le répertoire de formes de l’artiste, participe pleinement de cette ambivalence et de cette tension née d’un savant équilibre entre les contraires (mouvement/immobilité, dureté/fragilité, beauté/cruauté), caractéristique de l’œuvre : protubérance énigmatique, elle se prête à toutes les remises en cause, que celles-ci soient formelles, spatiales ou introspectives.

  1. Une stratégie provisoire pour un renouvellement, ou, vouloir tout vous dire et puis changer d’avis. Titre d’un dessin de 2021 (fusain, pastel, crayon et aquarelle sur papier) ayant donné son nom à l’exposition.
  2. Le Vrai deuil. Titre d’une sculpture de 2021 (peau de pinson des arbres, polyéthylène, nylon en vitrine).

« Claire Morgan : A tentative strategy for a renewal, or, wanting to tell you everything and then changing my mind » – Galerie Karsten Greve

5, rue Debelleyme, 75003 Paris
Jusqu’au 23 décembre

https://galerie-karsten-greve.com/fr

Par Stéphanie Dulout

« Je veux que mon travail confronte et déstabilise le spectateur, qu’il l’encourage à prendre ses responsabilités. » Claire Morgan serait-elle la Greta Thunberg de l’art contemporain ? A tentative strategy for a renewal, or, wanting to tell you everything and then changing my mind 1 atteste une dimension bien plus poétique, hésitante et hasardeuse dans la démarche écologique de la plasticienne irlandaise (née à Belfast en 1980).

D’impermanence et de fragilité il est question dans tout son œuvre, qu’il s’agisse de ses pétales de plastique tombant en pluie telles des larmes  – recyclables ? – sur ses oiseaux morts ou de ses dessins tout aussi colorés et macabres, mais plus éruptifs encore. Il y a bien, en effet, quelque chose de la militante chez cette taxidermiste rock and roll ; quelque chose de la couseuse et de la ravaudeuse aussi… cousant, collant, filant, déchiquetant, tannant… patiemment, inlassablement, dans son studio de Gateshead, les cadavres de mouches, les aigrettes de pissenlit et les sacs plastique…

Dans la nouvelle « stratégie provisoire pour un renouvellement » de Claire Morgan, la mort est toujours en suspens et le point de rupture sous-jacent ou imminent. Véritable stratégie cathartique semblant opérer, par la fusion des contraires et le jeu des ambivalences, une transmutation de la matière, voire une résurrection… Ainsi, dans Mourning for real, des lambeaux de plastique orange et rose paraissent à la fois se répandre dans le ventre d’un pinson des arbres figé dans son agonie, et en surgir : gerbe d’un feu d’artifice, flamboyantes « murmurations » ou larmes triviales et magnifiques d’un monde en décomposition…

Autre dépouille fantasmagorique, la corne, apparue récemment dans le répertoire de formes de l’artiste, participe pleinement de cette ambivalence et de cette tension née d’un savant équilibre entre les contraires (mouvement/immobilité, dureté/fragilité, beauté/cruauté), caractéristique de l’œuvre : protubérance énigmatique, elle se prête à toutes les remises en cause, que celles-ci soient formelles, spatiales ou introspectives.

  1. Une stratégie provisoire pour un renouvellement, ou, vouloir tout vous dire et puis changer d’avis. Titre d’un dessin de 2021 (fusain, pastel, crayon et aquarelle sur papier) ayant donné son nom à l’exposition.
  2. Le Vrai deuil. Titre d’une sculpture de 2021 (peau de pinson des arbres, polyéthylène, nylon en vitrine).

« Claire Morgan : A tentative strategy for a renewal, or, wanting to tell you everything and then changing my mind » – Galerie Karsten Greve

5, rue Debelleyme, 75003 Paris
Jusqu’au 23 décembre

https://galerie-karsten-greve.com/fr

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Par Stéphanie Dulout

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