Les Rencontres de la photographie d’Arles ayant été annulées l’année dernière pour cause de crise sanitaire, c’est avec beaucoup d’émotion que nous attendions cette 51e édition.
La ville tout entière s’est illuminée durant cette semaine d’ouverture et nous a offert une déambulation sensorielle tant par la qualité des expositions du festival que par les multiples acteurs qui se sont engagés à le faire renaître.
Car il s’agit bien d’engagement et de renaissance, comme l’explique Christoph Wiesner, nouveau directeur de la manifestation : « Il s’est agi avant tout d’un engagement. Celui des Rencontres d’Arles auprès des photographes, des artistes, des commissaires, des partenaires et des institutions avec lesquels le festival a des liens si forts depuis de nombreuses années. »
Une édition particulière entre des expositions initialement prévues en 2020 sur le thème de la résistance et de nouvelles propositions illustrant l’espoir et l’éveil des consciences. Un thème symbolique, vu la résistance admirable dont ont fait preuve tous ces événements culturels pour exister cette année et offrir du plaisir à chaque visiteur…
C’est l’occasion pour la rédaction d’Acumen de revenir sur quelques moments forts de cette 51e édition.
THE NEW BLACK VANGUARD
Photographie entre art et mode
Entre portraits vifs et images conceptuelles à la frontière de la photographie d’art et de mode, cette exposition célèbre le corps noir dans toutes ses diversités et nous questionne sur la notion de représentation et d’identité. Collectivement, elles célèbrent la créativité noire et l’hybridation entre art, mode et culture dans la construction des images.
DÉSIDÉRATION
(ANAMANDA SÎN)
Du désastre au désir
Jouant sur le trouble de son étymologie, qui oscille entre le regret de la perte des étoiles (de-sideris) et le désir de leur retour, la désidération désigne à la fois une proposition de diagnostic et de remédiation face au désastre contemporain, au capitalisme tardif, à l’anthropocène terrifiant.
« Désidération » esquisse la pensée d’une humanité interstellaire à la recherche de son lien avec son cosmos originaire, en composant la possibilité d’une autre histoire, d’un autre destin de l’espèce humaine, à l’intersection de l’art, de la performance, de la philosophie, de la science, des narrations spéculatives et de l’architecture.
Cette composition nous ouvre les possibles pour rêver plus grand.
SABINE WEISS
Une vie de photographe
Née en 1924, Sabine Weiss vit et travaille à Paris.
À 96 ans, celle qui se revendique photographe-artisan et témoin plutôt qu’artiste n’en a pas moins construit un véritable monument photographique, de façon libre et indépendante.
La rétrospective inédite met en lumière les dominantes d’une œuvre en constante sympathie avec l’être humain, en même temps que les à-côtés du métier de photographe. Reportage, illustration, mode, publicité́, portraits d’artistes, travail personnel : Sabine Weiss a abordé́ tous les domaines de la photographie comme un défi, un prétexte de rencontres et de voyages, une façon de vivre et un mode d’expression de soi. Par une sélection renouvelée d’images, de films et de documents personnels, l’exposition rend compte de cette passion d’une vie.
MASCULINITÉS
Libération par la photographie
Rassemblant plus de 50 artistes, photographes et réalisateurs dont Laurie Anderson, Richard Avedon, Annette Messager ou encore Rotimi Fani-Kayode, cette exposition majeure étudie la manière dont la masculinité a été codée, interprétée et construite socialement, des années 1960 jusqu’à aujourd’hui, par le biais de la photographie et du cinéma. Elle aborde les thèmes du pouvoir, du patriarcat, de l’identité́ queer, des politiques raciales, de la perception des hommes par les femmes, des stéréotypes de l’hypermasculinité, de la tendresse et de la famille, tout en examinant le rôle critique que la photographie et le cinéma ont joué́ dans la manière dont les masculinités sont imaginées et comprises dans la culture contemporaine.