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Défilés : souffle d’optimisme pour la première collection de Nicolas Di Felice

Pour sa première collection à la tête de Courrèges, Nicolas Di Felice, son nouveau directeur artistique, s’est inspiré de l’héritage joyeux de la célèbre maison de couture pour projeter celle-ci dans un futur optimiste. Pari réussi pour ce jeune prodige qui a su concevoir une collection cohérente et incontournable, reflétant les attentes de notre époque.

Intitulée « I can feel your heartbeat » (Je sens le battement de ton cœur), la collection, placée sous le signe de la jeunesse, de l’optimisme, de la fête et de l’amour, inaugure le règne de Nicolas Di Felice qui a repris la direction artistique de Courrèges depuis septembre 2020. Le défilé virtuel diffusé en vidéo le 3 mars dernier s’est déroulé dans le décor de La Station-Gare des Mines à la porte d’Aubervilliers, épicentre de la danse et haut lieu de l’underground parisien. Une immense boîte blanche à ciel ouvert servait de podium aux mannequins qui déambulaient au son d’une musique plongeant le spectateur dans une ambiance de clubbing. Vêtues principalement de noir et de blanc parsemé de quelques touches monochromes roses, rouges et bleu marine, les mannequins à l’air déterminé avançaient en rythme, au son d’une voix répétant continuellement « Let’s go ! » qui rappelait les vibrations répétitives d’un battement de cœur.

Commençant par un long trench à carreaux évasé, cette collection produit une sensation de raffinement inspiré du meilleur des archives de la maison Courrèges, réputée pour ses créations minimalistes aux coupes géométriques et futuristes. Faisant dialoguer les époques et juxtaposant les cultures, Nicolas Di Felice a su retravailler la joyeuse esthétique de la maison pour l’inscrire dans le monde contemporain, comme l’illustrent les bretelles spaghetti, les cuissardes, les boucles d’oreilles et sacs XXL, les hauts asymétriques, les pantalons évasés ou des vestes en cuir avec un col remonté et des manteaux trapèze, en parfaite cohérence avec l’ADN de la marque.

Le couturier belge de 37 ans, diplômé de La Cambre et passé par Balenciaga, Louis Vuitton ou Dior avant de prendre la direction artistique de Courrèges, s’est plongé dans les archives de la maison et a abouti à la conviction « qu’il fallait tout garder et tout refaire », comme il l’a déclaré au Figaro.

Attendu par les fans de cette maison emblématique de la couture française, souvent déçus par les précédentes tentatives pour relancer la marque, ce défilé augure d’une nouvelle ère pleine de promesses alors que la maison Courrèges fête ses soixante ans. Avec les quarante looks de sa collection, Nicolas Di Felice insuffle liberté et fraîcheur à la signature Courrèges au moment où la maison en avait sans doute le plus besoin. Légère, accessible, incarnant l’image d’une femme à la fois sexy et moderne comme la concevait André Courrèges, la collection de Nicolas Di Felice reflète son envie de dessiner un style volontairement intemporel et indémodable : « un design qui ne sera pas démodé dans six mois » car, selon le créateur, « c’est par là que commence le développement durable ». Une démarche éthique qui se traduit aussi dans le choix de matières écologiques et plus accessibles : symbole de la marque depuis des années, le vinyle a ainsi été produit en version bio et les prix de certaines pièces ajustés à la baisse. Un succès créatif, en attendant que septembre confirme que les atouts de cette collection auront su charmer la clientèle d’habituées de la maison Courrèges tout en séduisant de nouvelles adeptes.

www.courreges.com