À la tête de la maison Casa Lopez depuis 2014, Pierre Sauvage cultive une esthétique qui trouve sa raison d’être dans le partage et la convivialité. Dans son ouvrage récemment publié chez Flammarion, Chez eux. Quand recevoir est un art, le designer nous invite chez ses amis éditeurs, créateurs et décorateurs le temps d’un déjeuner ou d’un dîner. Au fil des pages, il nous ouvre les portes d’intérieurs raffinés où le sens de la mise en scène ne va pas à l’encontre d’une décontraction naturelle et d’une chaleureuse authenticité. Ambiances exotiques, champêtres, citadines, bohèmes ou grand siècle, les tables dressées et les secrets de cuisine qui y sont divulgués reflètent la diversité des personnalités que Pierre Sauvage nous fait rencontrer. À Paris, on dîne dans la maison-jardin de Terry de Gunzburg, on savoure un « pudding portugais » à la Muette chez la pimpante Mathilde Favier, directrice des relations publiques de Dior, puis on traverse la Seine pour s’asseoir à une table aux décors naturalistes surplombant la coupole de l’Institut, chez les antiquaires et décorateurs Jamie Creel et Marco Scarani. Après une échappée en Normandie le temps d’un déjeuner dans une serre au château du Champ-de-Bataille, on s’envole au Portugal chez Christian Louboutin pour un repas pieds nus, avant de se retrouver dans le Connecticut dans la maison de campagne de l’architecte français Robert Couturier qui nous fait découvrir la recette de son gâteau aux amandes. Vingt hôtes d’exception ouvrent ainsi les portes de chez eux, nous dévoilant l’art de recevoir avec raffinement qui réside notamment dans la subtilité du choix de la vaisselle et du linge de table ou des arrangements floraux. Les séduisantes photographies distillent l’art et la manière de transmettre la joie de recevoir et la gaieté des moments de partage d’autant plus appréciables qu’ils se font, en ces temps, plus rares.
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Un Noël à Tanger
Chez Marco Scarani et Jamie Creel
Cette année, la situation sanitaire a conduit les hôtes d’exception que sont Marco Scarani et Jamie Creel à repenser l’organisation des fêtes de Noël. Ne pouvant se retrouver dans leur appartement parisien, c’est à Dar Zero, leur envoûtante demeure aux portes de la kasbah de Tanger qui fut aussi celle du décorateur Charles Sevigny, qu’ils accueilleront les célébrations de la Nativité. Malgré les restrictions imposées par la pandémie, des retrouvailles chaleureuses – même si restreintes – restent de mise. Pour l’occasion, Marco Scanari dévoile quelques traditions et inspirations qui prévaudront lors d’un Noël pas comme les autres.
Comment célébrez-vous Noël habituellement ?
Marco Scarani : Nos familles respectives étant aux États-Unis et en Italie, nous nous retrouvons généralement dans notre appartement à Paris pour Noël, et nous recevons les amis de passage en France en nous réunissant autour de la grande table de la cuisine. Cette pièce s’organise autour d’une large banquette qui donne sur les quais de Paris, et d’un plan de travail en forme de bar où l’on peut cuisiner tout en étant près de nos convives.
En cette année particulière, comment vous organiserez-vous ?
Cette année est en effet particulière, c’est pourquoi nous pouvons seulement nous retrouver au Maroc pour Noël, et recevoir nos amis tangérois dont les familles sont loin. Nous faisons une table de 6 ou 8 convives, dans un jardin intérieur de la maison.
Quelles sont les traditions que vous aimez respecter ?
Pour la période de Noël, quel que soit l’endroit où nous nous trouvons, nous disposons toujours une crèche près de la table ou près de la cheminée. Quant au réveillon, il y a toujours une ou deux personnes de passage qui se joignent à nous.
Pouvez-vous nous dévoiler le menu que vous prévoyez cette année ?
Cette année, le choix des produits étant limité au Maroc, nous préparerons une dinde farcie aux marrons et des patates douces à la marocaine, ainsi qu’un gratin de poireaux qui est d’habitude servi dans la famille de mon ami Jamie Creel pour Thanksgiving.
Quelle décoration de table aimez-vous pour les fêtes de fin d’année ?
Je préfère rester discret sur les décorations de Noël. J’agrémente généralement la table de fruits ou de coquillages recouverts d’argent que nous vendons dans notre galerie « Creel and Gow » à New York. C’est très festif ! J’ajoute également une touche de rouge avec les serviettes de table.
À quoi tient la réussite de ces repas de fêtes, selon vous ?
La réussite d’un dîner repose sur une atmosphère baignée de traditions, notamment la crèche, le sapin, la chaleur du feu et les recettes de famille qu’on ne fait qu’une fois par an, comme le gratin de poireaux à la crème – heureusement, vu les calories ! Le charme de ces repas tient également à la compagnie des personnes qui se retrouvent à la maison, car elles sont loin de leurs familles. Ces amis apportent une dimension de partage essentielle pendant les fêtes.
Quels faux pas sont à éviter ?
La chose à éviter est d’omettre d’inviter une amie ou un ami de passage, car ce sont justement ces amis avec qui l’on se retrouve qui font de Noël un moment unique dans l’année !