Comment avez-vous vécu la présentation de votre collection printemps-été 2021 pour votre marque, début octobre ?
Nous avons juste montré des images. Tout s’est très bien passé et j’ai eu de très bons retours. Mais en matière d’expérience, cela reste étrange. En temps normal, il y a de l’adrénaline et une forte pression liée à l’événementiel, au public présent et à la communauté qui est rassemblée. Cependant, pour cette collection, j’ai travaillé très dur pour un moment qui n’a duré que dix minutes. Les moments de tension ont eu lieu avant les prises de vue. Tout a été fait dans l’atelier à Paris avec une petite équipe. Nous voulions que tout soit parfait, mais ce furent des moments bien plus calmes qu’un défilé.
Le stress était-il moins fort ?
Disons plutôt que le stress n’a pas pu se libérer comme cela se fait après un défilé. Normalement, après un défilé, on n’a qu’une seule envie, c’est d’aller boire un verre pour évacuer le stress ; mais dans le cas présent, nous avons simplement envoyé les photos par e-mail, et c’était terminé. Même si nous voulons que ce soit parfait et que nous désirons créer de l’émotion, le 2D ne procure pas ce que peut offrir le réel en émotions. Quand vous regardez les photos d’un vrai défilé en présence d’une audience, vous pouvez vous imaginer à la place du public. C’est plus plat et différent quand il n’y a pas de public.
Pouvez-vous nous dire comment Mylène Farmer vous a inspiré ?
Lors du confinement en mars, je me suis replongé dans mon adolescence et j’ai redécouvert l’amour que j’avais pour Mylène Farmer et son univers. À l’époque, je ne cherchais pas à l’analyser. Cette plongée dans mes souvenirs m’a alors permis de comprendre à quel point elle a contribué à forger l’adulte que je suis devenu.
Depuis que vous avez relancé votre marque, comment votre approche a-t-elle évolué ?
Mon style évolue tout le temps. Entre le moment où j’ai arrêté de créer mes propres collections en 2002 et ma reprise en 2016, il y a eu un long intervalle. Sur le plan créatif, ce fut pour moi une sorte de recherche pour me repositionner, à travers une recherche d’identité, de lien avec le passé en parallèle d’une quête de contemporanéité. Nous avions débuté comme une start-up et nous commencions à nous éloigner de ce mode de fonctionnement. Mais avec l’arrivée de la crise sanitaire, j’ai l’impression d’être plus que jamais une start-up. Avec les années, on a adopté un modèle particulier qui me correspond bien et qui me permet heureusement aujourd’hui de m’adapter rapidement. Je me sens très libre, comme l’exprime justement ma collection. Nous avons tout réalisé nous-mêmes à l’atelier avec beaucoup de passion et de la bonne humeur. Nous nous sommes recentrés et concentrés sur ce qu’il était possible de faire sans bouger. Nous avons donc utilisé des deadstocks, c’est-à-dire des stocks de matières restant d’anciennes productions.