Magazine Acumen : Nous sommes sortis du confinement il y a quelques mois, comment avez-vous vécu cette période personnellement ?
Guendalina Litta : Tous les événements ayant été annulés ou reportés, j’ai profité de ce temps pour réaliser ce livre qui était en projet pendant le confinement.
MA : C’est votre deuxième livre. Quelle a été votre inspiration cette fois-ci ?
GL : J’avais fait un premier livre il y a quatre ans, L’art de la fête, qui était dédié à ce sujet en mettant en valeur de belles réalisations. J’avais en tête d’en faire un autre sans pour autant me donner de délai. Puis, une fois venue la pandémie, nous avons très vite réalisé que beaucoup d’événements allaient être annulés. J’ai donc appelé mon photographe Michaël Ferire, Priscille Neefs, la directrice artistique sans qui ce livre n’aurait jamais vu le jour et Kate Mascaro, la directrice éditoriale, pour proposer de travailler sur un deuxième livre. Cette fois, mon idée était de rendre hommage à toutes les personnes avec qui je travaille. J’avais déjà les photographies nécessaires, notamment grâce à Michaël Ferire qui me suit depuis quelques années. Il réalise toutes les photos de fêtes et de l’envers du décor. Nous sommes parvenus à faire ce livre en trois mois. J’ai voulu montrer l’inspiration qui donne naissance à mes réalisations, grâce à des clichés bien photographiés d’installations en cours, et aussi dévoiler les coulisses. De là est venu le titre Dream Makers: Bespoke Celebrations . La dernière page crédite toutes les personnes avec lesquelles j’ai travaillé, car sans elles, je ne serais pas allée très loin !
MA : Justement, pouvez-vous nous parler de votre équipe ? Qui sont les personnes qui interviennent pour organiser ces fabuleux décors de fête ?
GL : Je travaille avec des personnes et des métiers très divers. Tout d’abord, c’est en échangeant avec le client que l’on construit un projet formalisé. À partir de cette base, je m’entoure de personnes qui conviennent. Il doit se créer une réelle alchimie avec ces personnes. J’ai bien évidemment des fidèles, mais quand on organise une fête, on compose l’équipe au gré des projets, au fur et à mesure, et selon les désirs du client. Je regarde alors autour de moi pour trouver et choisir ces artisans. Il y a mille sources d’inspiration. Comme je fais ce métier depuis des décennies, certains artisans se présentent à moi, d’autres m’envoient leur candidature, et il y a aussi le hasard des rencontres. Il faut être curieux : aller voir des expositions, des mises en scène… J’ai rencontré également des artistes fascinants sur Instagram qui est le seul réseau social que je regarde. De fil en aiguille, je découvre des artistes que je contacte par la suite, et c’est ainsi que naissent les projets.
MA : Comment en êtes-vous venue à faire ce métier ?
GL : C’est arrivé totalement par hasard. J’ai commencé quand j’avais 16 ans pour rire, en aidant une amie qui m’avait demandé d’organiser avec elle une petite fête. Il y a quarante ans, ce métier n’existait pas. Il n’y avait même pas Internet ! J’ai commencé à travailler avec un traiteur puis, de fil en aiguille, avec des clients merveilleux qui m’ont fait confiance, et j’ai ainsi pris mon essor.
MA : Vos réalisations illustrent une créativité prolifique : d’où viennent vos inspirations ? Comment concevez-vous vos projets ?
GL : Elles viennent toutes seules ! J’ai de la chance, non ? En réalité, peut-être par habitude, en écoutant et en arrivant dans un endroit, l’inspiration me vient tout de suite. L’important selon moi est de respecter le lieu, car chaque endroit est différent. Je suis aussi entourée de personnes qui me comprennent immédiatement. Les alchimies se créent, et c’est vraiment important. C’est comme pour un chef : vous pouvez donner à dix chefs la même recette et les mêmes produits, mais vous aurez dix recettes différentes. C’est aussi un métier qui demande de l’écoute : il est essentiel d’entendre le commanditaire et de comprendre ses désirs. La première chose que je fais quand je commence un projet pour un client est d’aller voir dans quel univers il vit : même si une maison ne comporte qu’une seule pièce, on voit tout de suite l’atmosphère : si c’est rangé, si la personne aime les souvenirs, si sa décoration est chargée ou non. On peut ainsi s’imprégner inconsciemment du mode de vie de la personne pour créer quelque chose qui lui correspond. Ensuite, nous aiguillons le client et nous lui présentons un projet. Parfois, cela fonctionne, et parfois non. Cela dépend des gens, de nous-mêmes, des alchimies qui se font et des alchimies qui ne se font pas.