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Balade dans les lieux incontournables du street art parisien

Souvent provoquant, parfois drôle ou à forte connotation politique, le street art, ou art urbain, a tout d’abord investi l’espace public en toute illégalité avant d’être reconnu comme une discipline à part entière, porté par des artistes majeurs et reconnu par des institutions et critiques de renom. En France, et notamment à Paris et sa périphérie, les graffitis et les tags se sont multipliés sur les murs et les façades, certains s’étant pérennisés, pour créer d’authentiques fresques urbaines offrant aux passants un véritable musée à ciel ouvert. 

Conçu pour être éphémère, le street art naît aux États-Unis dans les années 1970, même si l’apparition des « graffitis » remonte à une époque bien antérieure. Sous l’influence d’artistes pionniers comme Richard Art Hambleton, Keith Allen Haring ou René Moncada, qui transforment les simples graffitis en œuvres d’art souvent rattachées au climat sociopolitique de l’époque, cet art urbain se popularise et se répand sur les murs de New York ainsi qu’à l’étranger.

En France, l’art urbain, en tant qu’initiative individuelle, se développe avec les événements de Mai 68. Des artistes précurseurs comme Ernest Pignon-Ernest ou Gérard Zlotykamien contribuent à le faire émerger, en exécutant des œuvres sur des supports urbains de manière spontanée et illégale.

Marqué par le travail des graffeurs américains Seen et Dondi White, l’artiste franco-américain Philippe Lehman dit « Bando », qui vit alors entre New York et Paris, sera l’un des premiers à importer le street art américain en France. Avec des amis, il investit les murs de Saint-Germain-des-Prés dans les années 1980 pour composer des œuvres. À la même période, d’autres artistes pionniers de l’art urbain en France, comme Blek le rat dès 1981 ou Jérôme Mesnager, contribuent à démocratiser un mouvement qui va jusqu’à susciter l’intérêt du ministre de la Culture d’alors, Jack Lang. Le street art s’institutionnalise, porté par des associations et commanditaires, et se retrouve même dans certaines collections de musées d’art contemporain. Aujourd’hui, les rues de Paris offrent une diversité d’œuvres réalisées par des artistes du street art reconnus des deux dernières décennies, parmi lesquels Jef Aérosol, Miss. Tic, C215, Invader et Zevs.

Colorées ou sombres, grandes ou petites, sages ou rebelles, les œuvres des street artists ornent certains murs de la capitale. Égayant les façades, ces fresques interpellent les passants au détour de rues devenues pour certaines emblématiques. Balade dans les lieux les plus représentatifs du street art à Paris.

Street Art

Le musée à ciel ouvert

13e arrondissement

C’est l’un des quartiers de Paris où figure probablement le plus grand nombre d’œuvres d’art urbain. On y trouve des créations des plus grands artistes tels C215, D*Face, Zag & Sia, STRØK, Cryptik ou encore Shepard Fairey alias Obey. Au fil des décennies, le quartier s’est transformé en un véritable musée de rue. Le boulevard Vincent-Auriol est quasiment entièrement recouvert d’œuvres de street art, comme la place Pinel, la rue Jeanne-d’Arc, la rue Chevaleret, la rue Nationale et des dizaines d’autres endroits. Le soutien de la mairie du 13e et de nombreuses galeries d’art locales ont contribué à faire du quartier un musée à ciel ouvert qui a aujourd’hui une renommée internationale.

Street Art

Au bord du canal

19e arrondissement

Vers l’est de Paris, tout près de la Villette, on peut voir de grandes fresques signées d’artistes comme Marko93, dAcRuZ, Wuh Chn, Vinie ou encore Shaka. Le long de la rue de l’Ourcq ou des rues Germaine-Tailleferre et Henri-Noguères ou bien du quai de la Marne, c’est une explosion de couleurs et de magnifiques dessins qui attend les passants. Certaines œuvres ont été réalisées par des artistes ayant grandi dans le quartier et qui continuent à y exécuter leurs créations. Beaucoup d’autres artistes viennent d’ailleurs et font le tour de Paris avec leurs bonbonnes pour laisser leur marque dans le 19e arrondissement. Imprégné de street art, ce quartier est désormais devenu un lieu d’accueil pour des festivals comme Ourcq Living Colors et FestiWall qui sont organisés par les street artists eux-mêmes.

Street Art

La balade emblématique

20e arrondissement

Présent historiquement dans le 20e arrondissement, le street art est positionné autour de plusieurs lieux phares prisés par les artistes, notamment la rue Dénoyez à Belleville. Afin de rendre la pratique artistique accessible au plus grand nombre, la mairie du 20e prévoit de déployer des parcours de découverte dédiés à l’art urbain qui seront développés par le centre d’animation Ken-Saro-Wiwa. Les murs   du centre, du pavillon Carré de Baudoin et du square Henri-Karcher sont d’ailleurs les trois sites iconiques du quartier. Vous pourrez aussi contempler d’autres fresques dans le parc de Belleville, le quartier Python-Duvernois et la rue du Retrait. Parmi les signatures renommées du street art dans le quartier, on trouve notamment celles des artistes Jérôme Mesnager, Mosko et Fred le Chevalier.

Street Art

Pour une expérience interactive

Le Mur Oberkampf

À l’angle de la rue Saint-Maur et de la rue Oberkampf, au 107, rue Oberkampf, se trouve la façade nommée « le Mur Oberkampf » par l’association M.U.R. (Modulable, Urbain, Réactif). Fondée il y a presque 20 ans, cette association a créé ce mur emblématique du 10e arrondissement qui s’inspire de l’affichage publicitaire et de sa périodicité. Ainsi, tous les ans, 24 artistes se succèdent pour créer des œuvres sur le mur, et chaque œuvre reste visible pendant deux semaines. La réalisation des fresques a lieu tous les premiers et troisièmes samedis devant quiconque souhaite y assister.

www.lemur.fr